Fin Septembre, au cœur de Londres. Il était plus de 5h. Je titubais péniblement pour atteindre ma porte d'entrée lorsque quelqu'un passa mon bras autour de ses épaules et m'aida à avancer.
-J... J'crois qu'j'ai un... un peu trrrr... trooooooooo... trop bu.
Ne pas arriver à m'exprimer m'agaça au plus haut point. Je savais parfaitement comment prononcer chaque mot mais mon cerveau imbibé d'alcool refusait de m'obéir. La soirée dont je revenais avait été considérablement arrosée. Considérablement trop, surtout. Sur le trajet du retour, j'avais vomis trois fois, dont une fois sur le portail de le maison voisine, je m'étais endormis dans la voiture de la personne qui m'avait raccompagné jusqu'à ma porte -qui était-ce? Tom? Doug? Dan? Une vague connaissance? Un, une total(e) inconnu(e)?- avant de tomber de sa voiture au moment de descendre et, alors que je tentais maintenant, seul, d'atteindre ma chambre, je me rendais bien compte que les marches tanguaient anormalement. Arrivé enfin sur le palier, je tachais d'avancer le plus doucement possible pour ne pas réveiller les habitants endormis. Je m'assis sur le pas de la porte, essayant de contrôler au mieux mes mouvement, cherchant à enlever mes chaussures pleines de vomi. Un bruit infime suffit pour me déconcentrer. Un petit bruit de respiration. Ainsi, elle dormait ici. Lena. La raison de mon état. La raison pour laquelle je sortais sans cesse. Depuis que mon père avait décider d'épouser sa mère, je ne vivais plus. Je passait le plus clair de mon temps ailleurs qu'ici. Je quittais la maison à mon réveil et y rentrais le matin suivant, totalement soul. Puis je dormais une bonne partie de la journée et recommençais, ce qui avait le don d'exaspérer mes meilleurs amis, particulièrement Tom. Pourquoi mon père se sentait il toujours obligé de gâcher ma vie? J'en étais venu à le détester. J'aimais cette fille depuis le lycée. J'avais tant rêvé de notre hypothétique vie future... Je passais des heures, seul, à régler les moindres détails de cette vie que je m'étais promis de partager avec elle une fois débarrassés de cette étouffante autorité parentale. Le brusque retour à la réalité n'en avait été que plus horrible. Un choc que j'avais mis très longtemps à assimiler. Je l'aimais toujours. Et me comportait comme si je la détestais au plus haut point. Mais c'était indépendant de ma volonté. Je n'arrivais tout simplement pas à lui parler normalement. Chaque fois que je la voyais se mélangeaient mon amour pour elle, ma colère contre mon père, ma rage et mon désespoir. La voir ainsi dans ma vie m'arrachais le cœur. Combien de fois n'avais-je pas rêvé être si proche d'elle, pouvoir la voir tous les jours, croiser son regard, la toucher aussi souvent que je le voulais? Mais dans ces délires, c'était grâce à nous deux si nous habitions ensemble. Pas à cause de nos parents. Je ne pouvais supporter de la savoir si proche en permanence et de ne pouvoir la toucher, la sentir, la prendre dans mes bras et la serrer, fort, si fort...
La savoir si proche avait eu l'effet d'une douche froide. Toute trace d'alcool avait maintenant complètement déserté la moindre parcelle de mon corps. Je poussais la porte de sa chambre. La pièce était plongée dans l'obscurité. A l'autre bout de la pièce se trouvait son lit. Elle dormait profondément. Je me rapprochais lentement et la suppliais silencieusement de ne pas se réveiller. Retenant mon souffle, je m'approchais encore un peu. Il me suffisait maintenant de tendre la main pour la toucher. Elle portait juste un t-shirt beaucoup trop grand pour elle rendu transparent par endroit par l'humidité de ses cheveux mi-longs qui tombaient sur ses épaules et son cou. Le bas de ses jambes nues dépassait du drap qui ne couvrait plus que ses hanches et le haut de ses cuisses. Je m'accroupis à côté d'elle. J'étais dans une position inconfortable mais je me trouvais assez près d'elle pour sentir son odeur. Lentement, je détaillais chaque partie de son corps. Ses pieds. Les fines traces blanches qui contrastaient avec son bronzage devaient correspondre aux lanières des chaussures qu'elle avait porté tout au long de l'été. Ses chevilles. Un petit bracelet entourait délicatement la droite, imprimant sur sa peau ses petits motifs là où elle avait appuyée sur le matelas. Ses mollets délicatement musclés. Elle courait souvent, toujours seule. Ses genoux. J'arrêtais mes yeux sur la petite cicatrice qui zébrait le côté gauche de son genoux droit, formant un point d'interrogation déformé. Ses cuisses. La gauche, presque entièrement recouverte par le drap, et la droite, au trois-quart visible. Je suivis des yeux la courbe parfaite de ses hanches que cachait le drap. Son ventre. Son large t-shirt était un peu remonté et me laissait découvrir le bas de celui-ci jusqu'à son nombril. Lentement, je remontais les yeux. La courbure de ses seins, que son t-shirt n'estompait pas totalement. Son cou, finement ouvré. Une irrésistible envie de souffler sur les cheveux présent pour les balayer me pris soudainement. Je remontais encore un peu les yeux. Son menton. Sa fossette minuscule. Ses lèvres entrouvertes. Son nez, ses paupières. Je voulais les embrasser. L'embrasser. Enfouir ma tête dans son cou. Me caler entre ses seins. Respirer son odeur. Gouter sa peau. Maintenant. Tout de suite. Longtemps.
Elle bougea. Elle allait se réveiller. Il fallait que je sorte. Rapidement. Je me relevais, embrassant une dernière fois du regard ses courbes si attirantes. Je me glissait jusqu'à la porte, sortis de la chambre et refermais la porte dans un silence presque parfait. J'aurais du aller me coucher mais je ne put m'empêcher de coller mon oreille contre la porte pour entendre une dernière fois sa respiration.
-Harlod Mark Christopher Judd, la prochaine fois que tu mets ne serais-ce qu'un pied dans cette chambre, je te promet que je me ferais un véritable plaisir de détruire ton ridicule tambourin et tous les jolis instruments des membres de ton boys bande minable.
C'était dit juste assez fort pour que je l'entende. Sa voix sourde, lourde de menaces, ne laissait aucune place au doute. Elle le ferait.
http://new-dream-for-a-life.cowblog.fr/images/JALOncowblog.jpgAlors si... . Voilà.