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Le kangourou repeint toujours son tournevis quand les kiwis jouent du piano.

Demain, il a plu.

Dimanche 30 mai 2010 à 10:27

Tout s'est passé si vite! Quand tu te remémores les évènements, cela t'impressionne encore. Et tu ne comprends toujours pas. Mais tu l'attends. Tu n'as de toute façon pas le choix. Cette fois, c'est elle qui viendra. Elle a dit que ce ne serait pas long et pourtant, l'odeur te chatouille les narines depuis un petit moment déjà. Alors, pour passer le temps, tu décides d'y repenser, encore une fois. Et peut-être enfin comprendre. Tu revois ce jour de la fin du mois de septembre. Tu venais de monter dans le train et cherchais une place. Tu étais entré dans son wagon. Il n'était pas plein mais tu ne pensa même pas à t'asseoir à une place libre. Peut-être était-ce parce que le soleil sur son visage la rendait si jolie? Parce qu'il révélait les fins sillons que des larmes avaient creusé sur ses joues? Ou peut-être parce que, dans son sommeil, elle approchait la grâce et la beauté parfaite des anges? Tu aurais pu te mettre n'importe où, déranger n'importe qui mais c'est elle que tu choisis. Du bout des doigts, tu lui caressa la joue et elle ouvrit les yeux. Tu lui demanda poliment si tu pouvais t'installer auprès d'elle. Elle se redressa doucement, te souris et t'invita à t'asseoir de sa douce et claire voix. Le coin gauche des ses lèvres remonta imperceptiblement quand elle remarqua qu'il restait des places libres dans le wagon et tu feins ne rien voir. Apercevant l'oreillette qui cognait doucement contre ton cou, elle t'interrogea du regard pour savoir si elle pouvait écouter avec toi. Tu acquiesças. Vous ne dites aucun mot du voyage, laissant le soin à ta playlist de faire la conversation. Vous descendîtes au même arrêt. Ce n'était pas le tiens. Le tiens, tu avais choisi de ne pas le voir, quelques villes plus tôt. Tu voulais savoir où elle habitait. Elle t'hypnotisait. Dès l'ouverture des portes, tu partis. Tu ne voulais pas qu'elle comprenne. Mais tu fus vite arrêté dans ton élan. Quelqu'un venait de te prendre la main et te tirait doucement vers l'arrière. Tu te retournas. Elle te regarda un instant puis partis dans la direction inverse, sa main toujours dans la tienne. Comme tu ne bougeais pas, elle s'arrêta et pivota vers toi. « Vous ne venez pas? » Sans que tu saches pourquoi, ses yeux t'inspirèrent confiance et tu choisis de la suivre. Son appartement était joli, son lit moelleux. Sans plus échanger de paroles, vous fîtes lentement et doucement l'amour. Elle sentait la cigarette mais, curieusement, ce n'était pas désagréable. Quand tu te réveilla, elle n'était plus dans le lit. Tu fouillas rapidement la chambre des yeux avant de te rendre compte que ni tes vêtements ni les siens ne s'y trouvaient. Tu t'enroula dans le drap et sortis de la chambre. Elle te rejoignit sous la douche et c'est sous l'eau brûlante que vous fîtes l'amour une dernière fois. Essoufflé, tu sortis de la cabine embuée et attacha une serviette autour de tes hanches. Tu sentis ses mains dans ton dos, effleurer tes omoplates et redescendre sur tes fesses. Ton souffle s'accelera, ton sexe durcit. Tu sentit une légère piqûre dans ton cou. Tu ne sentis plus rien. Tu te réveilla dans le noir, nu et sans aucune notion de temps. Tout d'abord, tu ne compris pas où tu étais ni ce dans quoi tu te trouvais. Puis tu entendis des bruits d'eau et reconnu l'odeur de l'essence qui t'aida à identifier l'endroit où tu était recroquevillé comme un coffre de voiture. Tu savais qu'elle était là. Le bruit de ses talons. Elle ne dit rien, toi non plus. Vous n'aviez jamais rien eu à vous dire... Elle était restée un petit moment puis était repartit. Alors tu avais essayé de comprendre, en vain. Elle étais revenue et tu t'étais demandé depuis combien de temps tu étais enfermé. Elle t'avait dit que ce ne serait pas long... Mais elle étais repartie, encore une fois. Et maintenant, tu attendais. Elle étais de nouveau revenue, entre temps. Tu l'entendis fouiller ses poches. Au bruit, tu compris qu'elle allumait une cigarette. Elle la fuma lentement puis jeta le mégo dans l'essence et partit. Tu entendis le liquide prendre feu et la chaleur se répandre. Tu te surpris à penser qu'elle avait bien fait de garder tes vêtements parce qu'ainsi tu aurais moins chaud. Curieusement, tu ne vis pas ta vie défiler devant tes yeux. Tu étais repartis dans tes souvenirs à la recherche de ce détail que tu ne trouvais pas et qui, le croyais-tu, aurait pu t'aider à comprendre. Tout s'était passé si vite! Tu y repensais, encore et encore, de plus en plus vite, oubliant de plus en plus de détails, cherchant inlassablement cette chose que tu ne trouverais pas. Tu allais mourir, tu le savais. On ne survis pas à l'explosion de la voiture dans laquelle on se trouve. Mais tu t'y étais fait. Non, ce qui te dérangeait c'était que tu ne comprenais pas. Et que tu ne comprendrais jamais.
A quelques mètres de là, la jeune femme essuya d'un revers de la main une larme que l'explosion lui avait arraché. Elle ne souriait plus. La vengeance ne l'amusait pas le moins du monde. Mais elle se l'était promis... Même si elle était certaine qu'aucun d'eux ne s'en souvenait... D'ailleurs, lui non plus ne devait pas se souvenir... Sans doute n'avait il rien compris... Qu'importe. Elle, elle se souvenait, elle savait. Et elle n'oublierait jamais. Elle avait trop souffert. Aussi devait elle rayer tous les noms de sa liste. Pour être enfin tranquille. Il en restait encore deux. Ils étaient cinq, à l'origine. Le chef, dans son souvenir, était grand et maigre, le visage couvert de taches de rousseurs. Le second était son frère cadet. Les trois autres étaient plus flous. C'était pourtant eux qu'elle avait retrouvé en premier. Les noms étaient gravés dans sa mémoire aussi bien que dans sa chair. Ils avaient entre 13 et 15 ans, elle en avait 12. Ils étaient les caïds. Ils l'avaient violée. Puis, non content de leur premier forfait, avaient gravés au cutter leurs initiales dans le bas de son ventre. Les fines cicatrices blanches provoquaient toujours des questions, quelques soit ses amants... Curieusement, les trois seuls à ne pas les avoir remarqués étaient ses trois premières victimes. Il n'en restait plus que deux maintenant. Après, tout serait terminé. Enfin. Elle pourrait à son tour s'allonger dans le coffre d'une voiture après avoir soigneusement renversé le contenu d'un bidon d'essence tout autour puis fumer sa dernière cigarette, bouffée après bouffée, lentement, comme elle aimait le faire. Savourer. Et puis malencontreusement lâcher le mégot encore brûlant dans la mare d'essence... C'est ce qu'elle faisait à chaque fois. Cela marchait pour les autres, cela devrait marcher pour elle aussi... Sortant de ses pensées, elle alluma une autre cigarette. Inspire. Plus que deux. Expire. Plus que deux. Inspire. C'est presque terminé. Expire. Tu dois terminer. Tu peux le faire. Tu va y arriver. Elle aspira une dernière fois la fumée blanche puis jeta le mégot à terre. Plus que deux. Et après, fini. Elle s'humidifia les joues et repris lentement le chemin de la gare. Plus que deux...
http://new-dream-for-a-life.cowblog.fr/images/Toutsestpassesivite.jpgNon ce n'est pas vrai. Je ne tue pas les gens. Ou pas intentionnellement.

C'est Moi Qu'a Dit Ça !!

Maladresse futile.

1 bloup.

Par lancien le Mardi 14 septembre 2010 à 16:37
Certes c'est un peu exagéré mais à peine et c'est bien écrit, de telle sorte qu'on croirait que tu parles de toi.
J'ai connu quelques cas presque analogue, sauf qu'heureusement elle ne voulait pas aller jusqu'à l'holocauste par le feu. Et c'est très dur de leur faire remonter la pente, mais on y arrive
 

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